Je suis nomade (digital?) et développeur, je parle de mon illettrisme numérique.
Il m’est souvent difficile, voir impossible d’utiliser les services publics en ligne, j’en souffre assez souvent.
Ça me cause beaucoup de stress, me fait perdre du temps, de l’argent parfois…
Mais pire, il arrive aussi que ça détériore ma relation avec mon entourage, qui ne peut pas toujours m’aider ou dont les conseils peuvent être mal venus.
En bref, je suis marginalisé par cette inaptitude à utiliser les outils numériques…
Ce serait une situation simple à accepter si j’avais vraiment un soucis avec le numérique et apprenais à vivre avec…
Mais je n’ai en fait aucun soucis de ce côté là, j’ai déjà créé des dizaines de logiciels, géré des projets, enseigné à une centaine de personnes,…
Pourtant je n’invente pas ces souffrances, je les vis au quotidien quand je fais face à une organisation qui échoue à rendre accessible ses services informatique (et pas que).
Si vous êtes migrant/expatrié, réfugié politique, en régularisation et j’en passe, une organisation à vite fait de vous exclure et vous empêcher l’accès à tout service.
Et on explique souvent ce phénomène par de l’illettrisme numérique, diluant au passage une certaine forme de racisme.
On conçoit facilement qu’un.e migrant.e (un mot devenu très racisé aussi car si vous êtes blanc, on vous appellera plutôt expat ou touriste), n’a pas l’éducation suffisante, la volonté de s’adapter pour lui permettre de bénéficier de services informatiques.
Alors je ne crache pas sur le combat contre l’illettrisme, je ne cherche pas la malveillance dans l’incompétence non plus, mais ne laissons pas un monstre en cacher un autre, les hypothèses, ça se teste et les services ça se conçoit. (ou ça se design pour le dire comme on aime 🙂)
L’accessibilité des services publics, à effort égal pour toutes et tous, c’est une expertise qui s’apprends mais ne s’improvise pas, les problèmes d’usabilité, ça se découvre, ça s’observe, ça s’écoute surtout.
En bref… ce serait bien si c’était vraiment la faute des bénéficiaires, on laisserait tout inchangé et on investirait dans des plans de formations abstraits et difficiles à opérer, plus personne ne serait servi mais il y aurait plus de chevaliers servants et valkyries que jamais, avec toujours plus d’arguments pour la droite se battant farouchement contre l’assistanat et l’usage de fonds publics dans l’intégration sociale.
Mais si l’on cherchait à changer les interfaces et non les gens ? Il ne serait pas là le combat qui mets tous le monde d’accord ?
Quand j’ai décidé de devenir développeur, c’était pour me battre contre ce genre de choses, j’avais déjà plein de soucis avant de devenir nomade, l’impact était moindre évidemment mais je ne pouvais pas me résoudre à ce que des choses aussi enracinées génèrent autant de violence.
J’écris un guide à ce sujet de temps en temps, c’est un travail non fini et qui n’a pas vocation à l’être.
Puisqu’il faut bien clôturer par quelque chose, j’ai un rêve, un rêve ou les services publics ne souffrent plus de leur propre illettrisme numérique, ce rêve commence à une époque ou ils engagent de plus en plus de pédagogues et designers, tant dans la recherche que dans le technique, dans le développement que le déploiement.
Ce rêve a déjà commencé en fait, et je vous assure, il est bien nécéssaire, donnez lui un coup de pouce dès que l’occasion se présente 🙂